Protelos: Le double mécanisme d'action du ranélate de strontium
Article classé dans la catégorie : "OSTEOPOROSE".
Problème auquel les patients atteints de la maladie de Gaucher sont souvent confrontés.
Vous trouverez des liens utiles à la suite de la rubrique "CATEGORIE".
Ghislaine SURREL
maladies-lysosomales-subscribe@yahoogroupes.fr
Article du 07-Oct-2005 par Alain MARIE |
Une confirmation par histomorphométrie
Le double mécanisme d'action du ranélate de strontium
Des études précliniques ont montré que le ranélate de strontium (Protelos) stimulait l'ostéoformation et, parallèlement, diminuait la résorption osseuse. Un double mode d'action confirmé par une étude histomorphométrique, dont les résultats ont été présentés par le Pr Pierre D. Delmas (Lyon), lors du congrès de l'Asbmr (American Society for Bone and Mineral Research) à Nashville.
RAPPELONS que deux grandes études cliniques ont montré l'efficacité du ranélate de strontium (Protelos) déjà commercialisé dans la plupart des pays européens (sauf la France
Ces études ont montré que le risque relatif de fracture vertébrale est réduit de 49 % à un an et de 41 % après trois ans de traitement par du ranélate de strontium (2 g/j). Le même traitement réduit de 16 % le risque de fracture non vertébrale. Enfin, parmi les femmes à risque élevé de fracture de hanche (âge > 74 ans, T-score du col fémoral < - 3), la réduction du risque relatif de fracture de hanche atteint 36 % (p = 0,046).
Les travaux présentés à Nashville ont été obtenus à partir des biopsies iliaques réalisées chez certaines de ces patientes, au début de l'essai ou après un, deux, trois, quatre ou cinq ans de traitement ou de placebo (72 % des cas venaient de l'étude TROPOS, 19 %, de l'étude SOTI, et 9 %, de l'étude STATOS). Au total, les auteurs ont analysé 49 biopsies de patientes recevant le traitement et 87 biopsies de patientes non traitées. Comme le souligne le Pr Delmas, cette étude avait deux objectifs : d'une part, préciser le mécanisme d'action du ranélate de strontium et, d'autre part, vérifier qu'il n'altère pas la qualité de l'os. Les analyses étaient effectuées au niveau des os cortical et trabéculaire et de l'endoste, avec des analyses au niveau tissulaire et cellulaire.
En ce qui concerne l'efficacité du ranélate de strontium sur l'ostéoformation, on observe une augmentation significative de la surface ostéoblastique (Ob. S/B.s : + 38 % ; p = 0,047) et du taux d'apposition minérale au niveau cortical (+ 11 %, p = 0,033) et trabéculaire (+ 8 %, p = 0,008).
En outre, on enregistre une tendance à la diminution des paramètres de l'activité ostéoclastique (surface des érosions endostéales, surface des ostéoclastes trabéculaires et endostéaux, nombre des ostéoclastes), avec des baisses allant de 6 à 14 %. Même si ces différences ne sont pas statistiquement significatives, le Pr Delmas fait remarquer que la stimulation de l'ostéoformation aurait dû, normalement, générer une réaction ostéoclastique, ce qui n'est pas le cas. De plus, la puissance de l'étude, avec un nombre restreint de biopsies, a sans doute empêché la tendance positive d'atteindre le seuil de significativité.
Enfin, l'étude confirme que le ranélate de strontium favorise l'ostéoformation et freine la résorption, sans pour autant nuire à la qualité de l'os : l'épaisseur ostéoïde trabéculaire est diminuée de 10 % (p = 0,007) sous traitement, absence d'anomalies tissulaires (structures lamellaires normales, pas de fibrose) ou cellulaires.
Ces résultats confirment et éclairent ceux des grands essais cliniques, objectivant le double mécanisme d'action du ranélate de strontium, d'où le commentaire de la présidente de l'Asbmr, le Pr E. Shane : « Ces données représentent la première démonstration biopsique de la possibilité de dissocier absorption et résorption osseuse - des processus habituellement très liés - en privilégiant la protection du squelette et la prévention des fractures. Le ranélate de strontium devrait donc élargir favorablement l'arsenal thérapeutique de l'ostéoporose. »
> Dr ALAIN MARIÉ