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Maladie de GAUCHER : actualités
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17 août 2005

Phosphatase acide

Article classé dans la catégorie :"MARQUEURS". Les phosphatases acides sont un marqueur de l'évolution de la maladie particuliérement pour les patients sous ERT.

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Ghislaine SURREL

i. intérêt physiopathologique (1)

Sous le terme de phosphatase acide sont regroupées des hydrolases qui catalysent la déphosphorylation d'esters orthophosphoriques organiques et dont le pH d'activité optimale est inférieur à 7. Elles possèdent également une activité transférasique, assurant le transfert d'un phosphate sur le groupement hydroxyle d'un alcool.

Leurs fonctions physiologiques sont mal définies.

Elles sont présentes dans de nombreux organes, à des niveaux subcellulaires variés (cytoplasme, lysosomes). Une activité phosphatase acide importante est trouvée au niveau de la prostate, du foie, de la rate, du pancréas, des os (ostéoclastes), des cellules sanguines circulantes ...

Ce groupe est hétérogène, avec des enzymes d'origines génétiques et de propriétés catalytiques, immunologiques et électrophorétiques différentes. Les particularités qui en découlent (thermosensibilité, sensibilité à certains inhibiteurs, substrats artificiels préférentiels ...) ont été exploitées pour mettre au point des dosages plus spécifiques de la fraction présentant le plus d'intérêt clinique, la phosphatase acide d'origine prostatique. Il s'agit d'une protéine dimérique de masse moléculaires d'environ 100 000, dont l'activité est optimale entre pH 5 et 6, secrétée en majeure partie dans le liquide séminal et pour une faible partie dans le sang.

ii. techniques de dosage

Dans la majorité des cas, la détermination de la phosphatase acide sérique est prescrite dans le seul but de mettre en évidence une augmentation de la fraction d'origine prostatique. Celle-ci est mesurée soit par son activité catalytique dans des conditions favorisant la phosphatase acide prostatique, soit par le dosage de la protéine elle-même par des techniques immunologiques.

II.1- Mesure de l'activité de la phosphatase acide totale (PAC)

De nombreuses techniques ont été proposées ; elles diffèrent par le substrat et par le mode de mesure employés.

Le tableau I regroupe les techniques et les températures d'expression des activités utilisées dans les laboratoires en France (2).

Tableau I: Répartition des techniques de mesure de l'activité phosphatase acide totale (Données du Contrôle de Qualité National d'octobre 1992).

25°C

30°C

37°C

TOTAL

SUBSTRAT NATPHTYL PHOSPHATE

(technique cinétique

- Technique recommandée SFBC (+ pentanediol)

- BioMérieux Enzyline (DK)

- Biotrol monoréactif (DI)

- Techniques diverses

- Boehringer C. System (DH)

- Ciba Corning (DG)

- Koné (DM)

- Beckman (DD)

36

15

36

760

102

246

9

15

7

501

74

101

14

11

5

1297

191

383

14

20

15

12

SUBSTRAT 4-NITROPHENYLPHOSPHATE

- Boehringer test combination(BA)

- Merck (BM)

8

32

91

27

131

27

SUBSTRAT PHENYL PHOSPHATE (Temps fixé)

- BioMérieux (AH)

10

81

99

190

Nombre total de participants

2669

II.1.1- Techniques utilisant comme substrat l'a -naphtylphosphate

Ces techniques sont pratiquées en cinétique. Elles sont dérivées de la technique de Hillman d'hydrolyse par la phosphatase acide de l'-naphtyl phosphate en phosphate et -naphtol. Celui-ci est couplé à un sel de diazonium (Fast Red TR ou diazo-5-toluène) pour former un azoïque coloré.

· Technique recommandée par

la Société Française

de Biologie Clinique (3)

- Principe

Dans les réactifs de cette technique optimisée sont inclus du Triton X100 pour solubiliser le chromophore et un agent de transphosphorylation (1,5-pentanediol) qui, en captant le phosphate formé, accélère la réaction. Le coefficient d'absorption moléculaire dans les conditions de la réaction a été établi (4).

- Réactifs commercialisés

Deux sociétés distribuent des réactifs prêts à l'emploi suivant les recommendations de

la SFBC

: BioMérieux (Enzyline phosphatase acide optimisé) et Biotrol (PAC monoréactif). Ces réactifs sont employés dans respectivement 49 % et 7 % des laboratoires pratiquant ce dosage (2).

· Autres techniques

Les techniques basées sur le même principe, mais dans des conditions opératoires différentes, sont représentées par les réactifs commercialisés par les sociétés Boehringer (Phosphatase acide c-system, représentant 14 % du total des laboratoires), Ciba Corning (phosphatase acide, 0,7 % des laboratoires), Kone (phosphatase acide DP, 0,6 % des laboratoires), Baxter (Paramax, 0,5 % des laboratoires), Beckman (système Synchon, 0,4 % des laboratoires).

II.1.2- Techniques utilisant comme substrat le 4-nitrophénylphosphate

· Principe

La phosphatase acide hydrolyse le 4-nitro-phénylphosphate avec libération de 4-nitrophénol. Après une incubation de 30 mn à

37 °C

, la réaction est bloquée par une solution d'hydroxyde de sodium. La mesure du 4-nitrophénolate produit est réalisée à 405 nm par rapport à un blanc du spécimen.

· Réactifs commercialisés

Cette technique, employée dans 6 % des laboratoires, est disponible sous forme de réactifs prêts à l'emploi commercialisés par les sociétés Boehringer (Test-combination Phosphatase acide) et Merck (Phosphatase acide).

II.1.3- Techniques utilisant comme substrat le phénylphosphate

· Principe

Le phénol libéré à partir du phénylphosphate sous l'action de la phosphatase acide après une heure d'incubation à

37 °C

est dosé grâce à un réactif contenant de l'amino-4-antipyrine et du ferricyanure de potassium.

· Réactif commercialisé

La société BioMérieux distribue un coffret de réactifs utilisant ce principe (Phosphatase acide Kit) employé dans 7 % des laboratoires .

II.2- Détermination de l'activité de la phosphatase acide d'origine prostatique

II.2.1- Utilisation d'un inhibiteur spécifique

La différence entre les résultats de deux dosages réalisés simultanément, l'un en absence et l'autre en présence d'un inhibiteur spécifique de la fraction d'origine prostatique, permet l'estimation de l'activité de la phosphatase acide prostatique ("tartrate labile"). Le L-tartrate est le composé le plus employé. Il agit en tant qu'inhibiteur compétitif sélectif des phosphatases acides prostatique et lysosomale, mais il n'inhibe pas les fractions d'origines différentes (1). Ce procédé est applicable à toutes les techniques décrites précédemment.

II.2.2- Utilisation d'un substrat préférentiel

Les phosphatases acides présentent des affinités variables pour les différents substrats en fonction de leur origine. Le nitrophénol est un substrat peu spécifique, l'-naphylphosphate est hydrolysé plus rapidement par la phosphatase acide prostatique. Le thymolphtaléine phosphate (TMP) est le substrat sélectif le plus employé pour la détermination de l'activité de la fraction prostatique. Le TMP est hydrolysé en milieu acide par la phosphatase acide en thymolphtaléine et phosphate. L'absorbance de la thymolphtaléine formée pendant la réaction est mesurée à 600 nm en milieu alcalin.

Les réactifs commercialisés par la société Du Pont de Nemours (Dimension et Aca) sont les plus utilisés dans ce groupe de techniques qui est peu employé (moins de 1 % des participants).

II.3- Dosage immunochimique de la phosphatase acide prostatique (PAP

Les propriétés antigéniques de la protéine sont exploitées dans les dosages immunochimiques plus spécifiques.

Les techniques utilisées reposent sur différents principes (compétition, extraction-saturation, mesure de l'activité catalytique après séparation immunologique). Elles diffèrent par la nature des anticorps (monoclonaux ou polyclonaux), la nature des phases solides, le marqueur utilisé (125I ou enzymes) ...

Les principales caractéristiques des réactifs commercialisés les plus utilisés en France sont présentés dans le tableau II.

Le choix des réactifs employés dans les laboratoires, d'après les données du contrôle de qualité national est présenté dans la figure 1.

Tableau II: Principales caractéristiques des techniques de dosage immunologique de

la PAP

les plus employées (d'après les indications fournies par les fabricants).

Figure 1: Répartition des principales techniques de dosage de

la PAP

(n: 1545 réponses) (2).

II.4- Matériel de contrôle

Certains spécimens sériques de contrôle commercialisés sont surchargés par de la phosphatase acide d'origine végétale(pomme de terre), les rendant impropres aux dosages immunologiques.

Une préparation de référence d'origine prostatique humaine (CRM410) est en cours de certification sous l'égide du Bureau Communautaire de Référence de

la CEE.

III. PERFORMANCES DES TECHNIQUES

· Domaines d'analyse - limites de détection

La limite supérieure de linéarité de la technique recommandée par

la SFBC

pour la détermination de l'activité de la phosphatase acide est de 150 UI/l à

30°C

, ce qui correspond à environ 30 fois la limite supérieure des valeurs usuelles chez l'homme adulte. La limite de détection est de 0,50 UI/l pour l'activité totale et de 0,66 UI/l pour l'activité tartrate labile (3).

Les limites supérieures annoncées du domaine d'analyse pour les techniques les plus répandues de dosage de la protéine varient, suivant les réactifs commercialisés entre 10 µg/l (Merck phosphatase acide prostatique PAP) et 50 µg/l (Cis Bio ELSA). Les limites de détection sont comprises entre 0,04 µg/l (Cis Bio CPE - Cispack 4200) et 0,03 µg/l (Hybritech Stratus).

IV. ETAPES PREANALYTIQUES

· Préparation du patient

Le prélèvement de sang doit être effectué à plusieurs jours de distance d'un toucher rectal ou d'une biopsie.

· Nature du prélèvement

La mesure de l'activité de la phosphatase est réalisée uniquement sur sérum. Ce type de spécimen convient également pour toutes les techniques de dosage de

la PAP.

La centrifugation et la décantation du sérum doivent être réalisées rapidement, afin d'éviter une contamination par les plaquettes ou les hématies riches en phosphatase acide.

· Conservation des spécimens

L'activité de la phosphatase acide diminue rapidement; elle est fonction du pH et de la température de stockage. Les échantillons perdent 50 % de leur activité en 4 heures à +

20 °C

et en 8 heures à +

4°C

. Par contre la congélation n'entraîne aucune perte d'activité après sept jours à -

20 °C

(3).

La dégradation de l'activité est accélérée par l'alcalinisation des spécimens lors de leur conservation. L'addition à 1 ml de sérum de 20 µl d'un tampon acétate à 5 mmol/l permet de stabiliser l'enzyme pendant 4 heures à +

20 °C

et 5 jours à

4 °C

(3).

Les caractéristiques immunologiques de la molécule se conservent mieux au cours du stockage que l'activité enzymatique.

Les propriétés antigéniques de

la PAP

restent intactes, surtout si le sérum est acidifié, pendant au moins 24 heures à +

4 °C

. Si la durée du stockage est plus longue, les prélèvements doivent être congelés à -

20 °C

en aliquotes.

· Interférences analytiques

Des modifications de la cinétique de la réaction utilisant l'-naphtol et le Fast-Red sont observées avec les sérums troubles, ictériques ou hémolysés, même légèrement.

La bilirubine, en particulier conjuguée entraîne des résultats anormalement abaissés à cause d'une réaction parasite de diazotation entre la bilirubine et le Fast-Red.

V. INTERPRETATION DES RESULTATS

V.1- Valeurs usuelles en fontion de l'âge et du sexe

V.1.1- Activité catalytique de

la PAC

Les valeurs de référence établies avec une technique suivant les recommandations de

la SFBC

, à

30 °C

(6), sont présentées dans le tableau III.

Tableau III : Valeurs usuelles de

la PAP

30 °C

) d'après F. Schiele et coll. (2) correspondant aux activités obtenues pour 95 % de l'effectif.

Activité totale

(UI/l)

Activité tartrate labile

(UI/l)

Femmes

4-9 ans

10-14 ans

15-19 ans

20-39 ans

> 40 ans (pré-ménopause)

> 40 ans (post ménopause

3,6-7,4

2,5-7,0

1,9-4,6

1,5-4,4

1,5-4,5

2,9-5,1

0,4-2,5

0,4-2,5

1,2-2,0

1,2-2,0

1,2-2,0

1,2-2,0

Hommes

4-9 ans

10-14 ans

15-19 ans

20-29 ans

30-39 ans

40-49 ans

> 50 ans

3,9-7,3

3,9-7,6

2,5-6,9

1,6-5,9

1,9-5,0

2,3-4,9

2,2-5,3

0,3-2,3

0,3-2,3

0,3-2,3

0,4-2,3

0,4-2,3

0,4-2,3

1,3-2,9

V.2- Variations biologiques (6, 7)

Les variations physiologiques sont fonction de l'âge et du sexe. Elles reflètent l'intensité du métabolisme osseux d'une part, et l'état hormonal d'autre part.

L'activité totale à la naissance est plus élevée que chez les enfants. Les activités mesurées chez les enfants sont elles-mêmes plus élevées que chez les adultes. La fraction osseuse, tartrate-résistante est responsable de cette augmentation.

Les activités totales chez les hommes sont plus importantes que chez les femmes non ménopausées. Une augmentation après la ménopause des activités totales et tartrate-résistante est observée.

VI. VALEURS SEMEIOLOGIQUES

La concentration sérique de la phosphatase acide prostatique, PAC tartrate labile ou PAP, est augmentée au cours des cancers de la prostate. Il s'agit d'un marqueur peu sensible. Les concentrations ne sont élevées que dans un faible pourcentage de cas aux stades précoces de développement.

Dans les stades plus avancés, le diagnostic est posé sur des arguments cliniques. La phosphatase acide n'a donc pas d'intérêt pour le diagnostic d'adénocarcinome. Par contre, elle est spécifique d'un cancer, sa concentration n'étant que rarement augmentée lors de pathologies prostatiques non malignes. Les valeurs observées en cas de métastases peuvent être considérablement élevées.

Une élévation modérée de l'activité totale et de l'activité tartrate-résistante est observée au cours de processus pathologiques impliquant des remaniements osseux (maladie de Paget, hyperparathyroïdie, métastases osseuses de cancers du sein...), au cours de maladies génétiques de stockage (maladies de Gaucher ou de Niessman Pick) et lors de pathologies hématologiques (anémies hémolytiques, leucémies ...) (1).

BIBLIOGRAPHIE

1. Moss DW (1984) Acid phosphatases. In Methods of enzymatic analysis. Volume IV. Enzymes 2: esterases, glycosidases, lyases, ligase (Bergmeyer J ed) Verlag Chemie, Weinheim, 92-106

2. Annales du contrôle de qualité en biochimie. Contrôle de qualité national en biiochimie de

la Société Française

de Biologie Clinique, sous l'égide du Laboratoire National de

la Santé. Octobre

1992 (à paraître)

3. Vassault A, Phung HT, Aubry C, Goudart D et les membres de la commission "Enzymologie" (Maire I, président) de

la SFBC

(1991) Recommandations pour la mesure de la concentration catalytique des phosphatases acides dans le sérum humain à

30 °C

. Inf Sci Biol 17, 327-340

4. Gundlach G, Mühlhausen B (1980) Untersuchungen zur Kupplung des 1-Naphtols mit Fast-red TR. J Clin Chem Clin Biochem 18, 603-610

5. Wen Chen I, Sperling MI, Maxon HR, Kaplan A (1982) Stability of immunologic activity of human prostatic acid phosphatase in serum. Clin Chem 28, 1163-1166

6. Schiele F, Artur Y, Floc'h AY, Siest G (1988) Total, tartrate-resistant and tartrate- inhibited acid phosphatase in serum: biological variations and reference limits. Clin Chem 34, 685-690

7. Schiele F, Artur Y (1990) Phosphatases acides. In Références en biologie clinique (Siest G, Henny J, Schiele F eds) Elsevier, Paris, 417-432

http://bioch.ap-hop-paris.fr/analyses/Bioforma/PHOSPHA.htm


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