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Maladie de GAUCHER : actualités
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31 mai 2005

Une fracture ostéoporotique toutes les trente secondes en Europe:Un problème de santé publique sous-estimé

L'ostéoporose, un problème de santé publique sous-estimé : tel a été le thème d'une première communication du Pr Jean-Yves Reginster lors d'une vidéotransmission organisée le 19 mai par « le Quotidien du médecin »* à Paris et dans douze villes françaises, intitulée « les Rendez-vous de l'ostéoporose : innovations, consensus et interrogations ».


« UN CARDIOLOGUE attend-t-il le premier infarctus avant de traiter l'hypercholestérolémie ? » Non, bien sûr, alors pourquoi faudrait-il attendre des événements fracturaires majeurs avant de traiter l'ostéoporose ? Ce trait ironique a été lancé par le Pr Jean-Yves Reginster, directeur du centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé pour les aspects de santé publique des maladies rhumatismales, au cours d'une vidéotransmission organisée le 19 mai dernier par « le Quotidien du médecin », à Paris et dans douze villes françaises, sur le thème de l'ostéoporose. Il résume très bien la problématique actuelle de l'ostéoporose. On pourrait d'ailleurs encore forcer la note par une remarque tout aussi inquiétante : un patient doit-il faire plusieurs infarctus avant que son médecin ne comprenne qu'il présente une pathologie cardio-vasculaire ? Une façon impertinente mais tout aussi efficace de mettre en relief la sous-estimation actuelle de l'impact clinique de l'ostéoporose et l'insuffisance consécutive de sa prise en charge.
Selon une enquête de l'International Osteoporosis Foundation, datant de 2000, seulement 19 % des femmes ayant eu une fracture ostéoporotique reçoivent un traitement spécifique. Un travail très instructif publié en 2000 par Gehlbach et coll. a montré que, même après une fracture d'origine ostéoporotique dûment diagnostiquée lors d'une hospitalisation, moins d'un quart des malades, âgées de 60 ans ou plus (25 sur 132), avaient bénéficié, à la sortie de l'hôpital, d'une prescription thérapeutique à visée antiostéoporotique.

Carence de reconnaissance d'un phénomène pathologique.
Cette carence de reconnaissance de l'ostéoporose comme un phénomène pathologique requérant une prise en charge a été davantage illustrée par l'absence de la mention de ces fractures sur le compte-rendu radiologique de 67 femmes sur 132 et dans le dossier médical d'une large majorité d'entre elles (109 sur 132).
Est-ce à dire que les conséquences de l'ostéoporose sont anodines ? Certainement pas. Douleurs, handicap physique, troubles respiratoires, troubles digestifs, hospitalisations, complications de l'alitement, complications chirurgicales... réduisent de façon significative et prolongée la qualité de vie des patientes. Parmi les femmes de plus de 45 ans, les fractures ostéoporotiques sont à l'origine de plus d'hospitalisations que l'infarctus du myocarde ou le cancer du sein. A la réduction des activités de la vie quotidienne (marcher, se pencher, s'habiller, se déplacer, etc.), liée au retentissement sur la fonction physique, s'ajoutent des conséquences émotionnelles importantes qui entraînent une limitation des contacts sociaux et font le lit de syndromes dépressifs, lesquels contribuent à majorer la morbidité liée aux fractures ostéoporotiques.

Un risque de décès prématuré identique.
Quant à la mortalité en rapport avec la survenue de fractures, elle est loin d'être négligeable. On sait de longue date que les fractures du col du fémur touchant des sujets âgés (en règle générale au milieu de la septième décennie), plus volontiers atteints d'autres pathologies (comorbidité), augmente le risque relatif de décès, notamment dans les suites immédiates (25 % de décès à trente jours et près de 40 % à douze mois). En revanche, les données épidémiologiques sur les fractures vertébrales sont plus récentes mais tout aussi parlantes. En effet, il est apparu que les tassements vertébraux d'origine ostéoporotique qui se produisent habituellement chez des femmes plus jeunes, aux alentours de 65 ans, sont assortis d'une mortalité du même ordre que celle des fractures du col du fémur.
Ces données doivent faire repenser l'importance d'un diagnostic et d'une prise en charge, lorsque l'on sait, en outre, que l'ostéoporose fracturaire constitue une pathologie extrêmement fréquente dont l'incidence annuelle dépasse, chez la femme, la somme de celles des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux et du cancer du sein, toutes pathologies confondues.
En France, une évaluation de la fréquence des fractures ostéoporotiques datant de 1996 avait abouti à des chiffres significatifs : 50 000 fractures de l'extrémité supérieure du fémur par an, 40 000 à 70 000 fractures vertébrales (diagnostiquées) et 35 000 fractures du poignet par an. On estime, ajoute le Pr Jean-Yves Reginster, que sur l'ensemble des femmes caucasiennes de plus de 50 ans, environ une sur deux sera confrontée au problème de l'ostéoporose. « Dans l'Union européenne, une fracture ostéoporotique se produit toutes les trente secondes », précise encore le rhumatologue qui émaille ses propos de statistiques percutantes.

La cascade des fractures vertébrales.
Une autre notion doit amener à considérer l'ostéoporose comme une affection redoutable : celle de la « cascade » des fractures vertébrales. Le pourcentage de survenue d'une nouvelle fracture vertébrale est de plus en plus élevé à chaque nouveau tassement, sans compter une élévation du risque d'autres nouvelles fractures ostéoporotiques (fractures non vertébrales, fractures de l'extrémité supérieure du fémur).
Or l'ostéoporose peut aujourd'hui être aisément prévenue, diagnostiquée, traitée et il n'est plus question de considérer la déperdition osseuse comme une simple conséquence du vieillissement.

> Dr PATRICIA THELLIEZ

D'après la communication du Pr Jean-Yves Reginster (Liège, Belgique) : « L'ostéoporose : un problème de santé publique encore sous-estimé », Paris.
* Avec le soutien institutionnel des Laboratoires Lilly.


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