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Maladie de GAUCHER : actualités
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22 juillet 2005

Mal de gorge : les antibiotiques locaux supprimés

MÉDICAMENT Locabiotal, Lysopaïne, Bacitracine, Solutricine, ces produits, qui ne seraient pas efficaces, vont être retirés du marché

Martine Perez
[21 juillet 2005

Tous les médicaments destinés à traiter le mal de gorge et utilisables par voie locale (comprimés à sucer, spray, bains de bouche) seront retirés du marché à compter du 30 septembre 2005. L'arrêt de commercialisation de ces produits, dont des dizaines de millions de boîtes sont vendues chaque année, devrait complètement modifier la prise en charge des pharyngites et rhinopharyngites, d'origine virale dans la majorité des cas, qui guérissent spontanément avec ou sans traitement. Ainsi devraient disparaître des pharmacies, dans leur forme actuelle, le célèbre Locabiotal en pulvérisation, la Lysopaïne, la Bacitracine, la Solutricine, le Veybirol Tyrothricine... Certains sont d'ailleurs pris en charge par la Sécurité sociale.

«L'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) vient d'achever la réévaluation des médicaments contenant des antibiotiques et administrés par le nez, la gorge, la bouche, peut-on lire dans un communiqué de l'Agence. Cette expertise conclut à l'inefficacité de l'antibiothérapie par voie locale dans le traitement des rhinopharyngites, des angines, des infections buccales ou la prévention de leurs complications. De plus, l'usage inadapté d'antibiotiques favorise l'apparition de bactéries résistantes. L'Afssaps a considéré que ces médicaments ne devaient pas être maintenus sur le marché et a demandé aux laboratoires concernés d'organiser l'arrêt de leur commercialisation.»

Cette mesure courageuse s'inscrit dans le cadre de la rationalisation de l'usage des médicaments et tout particulièrement dans le Plan national pour le bon usage des antibiotiques lancé en 2001. «Notre pays se caractérise par une forte utilisation de ces formes locales, explique le Dr Isabelle Pellanne (chargée des antibiotiques à l'Afssaps). Et nous avons de surcroît un des taux les plus élevés d'Europe de résistance aux antibiotiques. En 2001, nous avons commencé la réévaluation du rapport bénéfice/risque de toutes les spécialités locales contenant des antibiotiques.» En 2003, une première vague de ces médicaments a déjà été retirée du marché. Cette seconde vague, en juillet 2005, est la suite logique de ce travail d'expertise.

Le mal de gorge ou pharyngite, si fréquent notamment l'hiver, est provoqué dans 70 à 80% des cas par une infection virale, insensible aux antibiotiques. Dans 20 à 30% des cas, il s'agit d'une angine à streptocoques pour laquelle seuls des antibiotiques par voie générale sont utiles, essentiellement d'ailleurs pour prévenir les complications autrefois si fréquentes de rhumatismes articulaires aigus. Les médicaments en pulvérisation ou à sucer et contenant des antibiotiques ne servent-ils vraiment à rien contre les maux de gorge ? «Dans les angines à streptocoques, que l'on peut diagnostiquer désormais au cabinet du médecin par des tests rapides, les antibiotiques par voie générale permettent de raccourcir la durée de l'angine, d'empêcher les complications, mais utilisés par voie locale, ils n'ont pas cette efficacité, précise le professeur Jean-François Bergmann (professeur de thérapeutique, hôpital Lariboisière, Paris). Et dans les angines virales, ils ne servent à rien. Ils peuvent entraîner l'émergence de souches résistantes.»

Pourquoi a-t-on prescrit ces médicaments pendant vingt à trente ans, alors qu'ils sont taxés aujourd'hui d'inutiles, voire de dangereux ? Pendant longtemps, l'antibiorésistance n'a pas été une préoccupation majeure. Lorsque les experts se sont lancés dans la réévaluation de ces produits, ils ont découvert qu'ils avaient été autorisés sans que des études sérieuses aient jamais documenté leur efficacité. Selon plusieurs experts, les études sur lesquelles reposait leur autorisation étaient de piètre qualité. «S'il n'y avait eu aucun risque, ces médicaments même inutiles seraient sans doute restés sur le marché, poursuit le professeur Bergmann. Mais il y a eu quelques cas rares d'allergie grave répertoriés et tout le problème de l'antibiorésistance. La mesure prise est purement médicale, pas économique.»

Les médecins ne risquent-ils pas de prescrire désormais, face à un patient souffrant d'une pharyngite, des antibiotiques par voie orale, là où ils se contentaient de formes locales ? «Faut-il vraiment sortir de chez le médecin avec une ordonnance de médicaments ? Les malades peuvent très bien comprendre que l'on peut guérir spontanément, si on leur explique», s'insurge un expert en santé publique. Les firmes qui ont vu leur produit être retiré du marché pourraient proposer des nouveaux pulvérisateurs ou comprimés à sucer contre le mal de gorge, contenant des anti-inflammatoires, des antalgiques, des adoucissants, mais plus d'antibiotiques.


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