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Maladie de GAUCHER : actualités
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13 juin 2005

Cellules souches : vers le premier essai sur l'homme

NEUROLOGIE La société Geron envisage d'injecter des cellules dérivées d'embryons sur des blessés de la moelle épinière. Non sans risque


Les cellules souches issues d'embryons de quelques jours, qui ont le potentiel de se multiplier en toutes sortes de cellules, que l'on sait perpétuer en laboratoire depuis 1998, suscitent beaucoup d'espoir comme outils d'une future médecine régénérative. La recherche avance vite et déjà une société privée, Geron, envisage un premier essai sur l'homme, en l'occurrence sur des blessés de la moelle épinière. Le Figaro publie sur ce sujet controversé un article en partenariat avec la revue Science.

Gretchen Vogel *
[10 juin 2005

Une compagnie privée se déclare sur le point de tester des cellules souches embryonnaires humaines pour la première fois chez des patients. Plusieurs obstacles demeurent, néanmoins. Député démocrate de l'État du Rhode Island, James Langevin déclarait peu avant de participer à un vote le mois dernier pour assouplir les lois fédérales du financement de la recherche sur les cellules souches : «Je crois que je marcherai un jour à nouveau.»


Langevin, paralysé depuis l'âge de 16 ans à la suite d'un accident avec une arme à feu, a ensuite ajouté : «La recherche sur les cellules souches nous donne l'espoir et une raison d'y croire... Nous avons une chance historique de faire la différence pour des millions d'Américains.» Avec des défenses passionnées comme celle-ci, de grandes manoeuvres au Congrès et des milliards de dollars du privé et du public versés à la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines, leur utilisation pourrait sembler proche. Mais si les scientifiques sont presque unanimes sur l'intérêt de leur étude pour la compréhension du développement et des maladies chez l'homme, ils sont beaucoup moins sûrs qu'elles permettront un jour de guérir des personnes comme James Langevin.


Les thérapies cellulaires sont plus compliquées que des médicaments et les cellules souches embryonnaires, qui ont le potentiel de donner n'importe quel type de cellule, comportent des risques particuliers. «Ce qui doit le plus nous faire réfléchir, précise le neuroscientifique Clive Svendsen de l'université du Wisconsin, est leur puissance.» La flexibilité et la capacité de croissance extrêmes qui les caractérisent sont idéales pour produire de grandes quantités de cellules et traiter par exemple le diabète ou les lésions de la moelle épinière. Mais ces mêmes propriétés augmentent aussi le risque que des cellules puissent avoir des effets indésirables avec, comme on l'observe chez l'animal, leur apparition au mauvais endroit ou même le déclenchement de cancers. C'est pour cette raison que la plupart des groupes de recherche n'envisagent pas d'essais cliniques avant cinq ans ou même dix ans.


Mais une société a décidé de faire fi de ces délais. Geron, sise à Menlo Park en Californie, espère commencer dès l'été 2006 un essai clinique avec des cellules souches pour traiter des lésions de la moelle épinière. La compagnie est déjà en discussion avec

la Food

and Drug Administration (FDA), l'organisme qui tente d'établir des critères de sécurité pour ce tout nouveau domaine, mais son accord est loin d'être sûr. Geron, qui a financé les chercheurs ayant isolé les premières cellules souches humaines en

1998, a

plusieurs raisons de foncer, notamment un portefeuille bien garni de brevets et de licences exclusives dans ce domaine. Les sceptiques disent cependant que Geron a choisi une cible crédible pour son premier test, car le traitement des lésions médullaires paraît plus accessible que celui d'affections comme la maladie de Parkinson ou le diabète.


L'essai clinique sera fondé sur le travail mené par Hans Keirstead, un neuroscientifique enthousiaste et médiatique travaillant à l'université de Californie à Irvine. Celui-ci a été un porte-parole particulièrement convaincant lors de la campagne pour la proposition 71 où l'État californien a accordé 3 milliards de dollars à la recherche sur les cellules souches. Keirstead a ainsi montré des vidéos de rats ayant eu des lésions de la moelle épinière qui récupéraient une partie de leur mobilité après l'injection de cellules dérivées de cellules souches.


Il a développé, avec l'appui financier de Geron, une méthode favorisant leur différenciation en précurseurs d'oligodendrocytes, des cellules capables de régénérer la gaine de myéline des neurones endommagée lors de ces lésions. Ses expériences, publiées le mois passé dans la revue Journal of Neuroscience, montrent pour la première fois que des cellules souches embryonnaires peuvent intervenir favorablement dans la récupération motrice des animaux, mais uniquement quand les blessures sont récentes. L'essai clinique de Geron portera donc sur des personnes fraîchement accidentées. L'objectif pour une poignée de patients ne sera pas de soigner, souligne bien Keirstead, mais de montrer que le traitement est dépourvu de risques. Ce qui n'est déjà pas si mal.


Certains scientifiques craignent que les cellules souches puissent acquérir de nouvelles mutations délétères en culture, un phénomène commun chez presque toutes les cellules cultivées in vitro, particulièrement difficiles à détecter.


Beaucoup de scientifiques pensent donc que Geron va trop vite. Ils citent les essais de thérapie génique où un jeune homme est décédé après une réaction immunitaire inattendue et où des patients ont déclaré par la suite des leucémies. Certains pensent que les débats politiques sur la question ont créé une attente trop forte. «L'honnêteté, et non le boniment, est crucial, estime Bernat Soria, chercheur sur les cellules souches de l'université Miguel Hernandez à Alicante en Espagne. Mon expérience est que lorsque vous êtes honnête avec les patients, ils peuvent comprendre les choses. Ils me disent : «Nous ne sommes pas sûrs que ce sera une solution pour ma maladie mais continuez votre recherche.» Les gens sont conscients que la route sera longue.»

* Gretchen Vogel, journaliste, publie cet article aujourd'hui dans la revue internationale Science éditée par l'Association américaine pour l'avancement des sciences (AAAS). Traduction et adaptation de Pierre Kaldy pour Le Figaro.

http://www.lefigaro.fr/sciences/20050610.FIG0283.html?031356


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